La semaine dernière, Frère Jean-Pierre a introduit le cycle de topos sur les 5 essentiels en nous parlant de la prière. La prière, quelle que soit sa forme, est l’expression de ma relation à Dieu (Père, Fils ou Esprit Saint). Par la prière je me reconnais Enfant de Dieu !
Je ne sais pas quel effet ça vous fait, mais chez moi ça provoque toujours une émotion incroyable de me dire que je suis « Enfant de Dieu », Dieu m’aime et fait de moi son enfant… !
Plus encore, il me donne une famille dont Jésus est le premier né. « Premier né d’une multitude de frères » nous dit St Paul. En me reconnaissant Enfant de Dieu, je reconnais chacun de ses enfants comme un frère, une sœur en Christ (je fais… nous faisons partie de cette multitude de frères)…
La vie fraternelle
Le deuxième essentiel de notre vie chrétienne est donc la vie fraternelle : Cet essentiel est intimement lié au premier. En effet à la question « quel est le grand commandement ? » Jésus répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Jésus ne nous dit pas c’est l’un ou l’autre, Il dit c’est l’un et l’autre.
St Paul insiste (1 Paul, 4,20-21): « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. »
Les deux essentiels de La Prière et de la Fraternité sont donc inséparables.
J’aime bien cette petite illustration
Pourtant la fraternité ne va pas de soi. La Bible est truffée d’histoires de fraternités blessées. (Caïn et Abel, Jacob et Esaü, Joseph et ses frères…) Nous voyons bien dans nos familles que la fraternité n’est pas une évidence. En faisant de nous des frères et sœurs en Christ, Dieu nous donne une famille pour expérimenter la fraternité, pour apprendre à aimer.
Quand nous nous réunissons le dimanche, nous ne venons pas remplir un bâtiment, nous venons constituer le Corps du Christ, le Corps des disciples de Jésus. Et Jésus nous dit « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaitra pour mes disciples ». Nous avons une responsabilité. Chacun de nous, moi la première, peut se poser la question : comment est-ce que je fais grandir l’Amour dans notre Communauté pour que nous soyons reconnus disciples de Jésus ?
La fraternité c’est exigeant
La fraternité c’est exigeant : Je ne choisis pas mes frères, mes sœurs, je les reçois. Pour faire grandir la Communion Fraternelle, il me faut apprendre à accepter les autres différents de moi, à ne pas gommer les conflits, mais à pratiquer le pardon et la réconciliation, à consacrer du temps à la relation… Bref apprendre à s’aimer.
C’est un réel engagement. J’ai le choix entre la co-location ou la vie de famille. La co-location ne fait pas entrer dans une relation à long terme. La vie de famille demande un engagement, chacun doit trouver sa place, chacun doit prendre sa part pour le bien de tous.
Des petits groupes, des petites fraternités.
Pour faire grandir le Corps du Christ, nous devons apprendre à aimer comme Jésus. Pour cela nous est offert de faire l’expérience de la vie fraternelle dans des petits groupes, des petites fraternités.
Dans ces petits groupes,
- j’apprends à partager avec des personnes très différentes de moi (que la vie ne m’aurait peut-être pas fait rencontrer),
- j’apprends à donner et recevoir dans la simplicité,
- à échanger en vérité et en confiance,
- à me présenter sans masque, telle que je suis,
- je goûte au soutien réciproque dans les moments difficiles
- et parce qu’aucun des membres n’est parfait (à commencer par moi) j’expérimente la grâce du pardon et de la réconciliation.
Nombreux sont ceux parmi nous qui font déjà partie d’une petite fraternité. Il en existe de multiples (liées à une proposition paroissiale ou diocésaine, à la proposition d’une communauté ou d’un mouvement, liées à un désir de faire grandir ma foi, de prendre du temps pour mon couple, de soutenir ma mission)… Les propositions ne manquent pas. Ces petits groupes nous font expérimenter la vie fraternelle, de telle manière que nous ayons le désir de vivre nos relations quotidiennes avec cette qualité :
- Voir en chacun la merveille qu’il ou elle est aux yeux de Dieu et le lui dire.
- Faire cadeau aux autres de temps de qualité.
Vous connaissez tous des personnes qui savent accueillir avec disponibilité, qui vous écoutent comme si vous étiez la rencontre la plus importante de leur journée et qui retiennent ce que vous leur avez dit. Quand je rencontre de telles personnes, je me rends compte combien je dois encore me laisser transformer pour accueillir mes frères.
Il ne vous a pas échappé que le Parcours Alpha redémarre dans deux semaines. Quel lien vous demandez-vous peut-être. Quand il y a plus de 10 ans nous avons lancé ce parcours sur la paroisse nous n’avions pas mesuré l’impact qu’il aurait sur la vie fraternelle dans notre communauté.
L’impact a été fort pour les personnes au service du Parcours. Des liens fraternels se sont tissés, grâce au temps passé ensemble, à travers la joie du service, émerveillés du travail que le Seigneur fait dans les cœurs. Chaque année de nouveaux serviteurs ont fait cette expérience et cela a participé à la dynamique à notre paroisse.
C’est aussi le cas pour les invités (environ 120 personnes en 10 ans) qui font souvent une première expérience de vie fraternelle dans un petit groupe bienveillant, où ils sont écoutés tels qu’ils sont, sans jugement, aimés de manière inconditionnelle et gratuite. Souvent ils témoignent qu’ils n’avaient jamais pû échanger de manière aussi profonde et en toute liberté auparavant. La fraternité que le Seigneur nous demande de vivre n’a pas vocation à être source de repli, mais au contraire à être partagée.
Le parcours redémarre, et à la fin du parcours, quand des invités se sentiront prêts à rejoindre notre assemblée du dimanche, ils auront besoin de petites fraternités pour les accueillir, partager avec eux des temps gratuits et la parole de Dieu, ils seront touchés si notre communauté respire la joie d’une famille heureuse de se retrouver.
Il faut nous préparer pour que ceux qui franchissent les portes de notre église puissent dire, comme à l’époque des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ! »
Petit entrainement : « À la fin de la messe, vous aurez hâte de retrouver ceux que vous connaissez, je vous propose de prendre deux minutes pour rencontrer quelqu’un que vous ne connaissez pas, de retenir son nom, et ce qu’il ou elle va vous dire pour pouvoir l’accueillir vraiment et la reconnaître à une autre occasion. »
Véronique Lelièvre