Pax et Bonum – Paix et Joie
Salutation de Saint-François
De retour de 10 jours de marche jusqu’à Assise, et au moment où nous proposons plusieurs formes de vie fraternelle, je voulais vous partager quelques lignes de 2 livres, qui par la bouche de Paul et de François d’Assise, nous parlent de fraternité.
Dans À Philémon (1): « Paul sait bien qu’être frère ne signifie pas entretenir naturellement des relations apaisées et harmonieuses, égalitaires et respectueuses. Cela arrive, mais la fraternité n’est pas toujours l’amitié.
Ceux qui vivent en communauté savent parfaitement qu’il n’est pas possible de partager les mêmes affinités, la même complicité, avec tous ces gens que l’on n’a pas choisis, et qu’une communauté n’est jamais un groupe d’amis, même quand tous ses membres sont très proches.
La fraternité c’est plus fondamental, plus primitif. Être frère « selon la chair » ou « selon le Seigneur » ce n’est pas toujours s’aimer. Être frère, c’est n’en avoir jamais fini avec son frère ; être frère c’est n’être jamais quitte. Être le frère de quelqu’un c’est avoir avec lui une relation si solide que quelques engueulades et même une longue absence ne l’entameront qu’en surface. Je suis le frère de quelqu’un parce que nous ne pouvons pas faire comme si nous n’existions pas l’un pour l’autre. »
Et dans Chemins d’intériorité avec Saint François (2), François nous invite à inventer des lieux de prière, de ressourcements intérieurs, de rumination de la Parole, de partage de la vie et des préoccupations de chacun. Il nous invite à susciter non pas des ghettos pour initiés, mais des lieux de rencontres, de dialogues et d’échanges fraternels où chacun est accueilli comme une personne unique, un don de Dieu ; des lieux fraternels où chacun est encouragé à donner le meilleur de lui même, où l’on s’entraide mutuellement à vivre les exigences de l’Évangile, à rester éveillés aux « lépreux », aux pauvres, aux plus démunis de notre temps. Dans l’écoute, la confiance et la diversité.
Aucune communauté évangélique, familiale, paroissiale ou religieuse ne peut survivre si elle ne devient pas accueillante à tous. Or la tentation de toutes les relations humaines est de se renfermer douillettement dans un univers protégé.
Notre première conversion est de devenir un peu plus chaque jour un frère pour tous. Cela suppose d’aimer notre monde d’aujourd’hui, tel qu’il est. C’est ce monde-là et non un monde rêvé que le Christ aime et veut sauver.
Ces quelques lignes s’adressent aussi à nous chrétiens de Saint-François-des-Odons, engagés à la fois dans cette ouverture au monde et au partage fraternel entre nous, du simple sourire à l’entraide mutuelle et au partage de ce que nous vivons au quotidien de l’Évangile.
Comme en témoigne François d’Assise : des frères qui chantent, joyeux, sont déjà une bonne nouvelle. Ils manifestent ainsi que l’Évangile est un chemin de bonheur qui rend l’homme heureux.
Profitons de cet été pour cultiver la joie et l’émerveillement.
1) Adrien Candiard : « À Philémon, Réflexions sur la liberté chrétienne », éditions du Cerf.2019
2) Michel Hubaut : « Chemins d’intériorité avec Saint François », éditions franciscaines. 2012