Notre réunion du jeudi 15 avril dernier, s’est tenue dans la chapelle Notre-Dame puisque notre salle habituelle était indisponible du fait d’une célébration d’obsèques en ce même après-midi. Les conditions d’écoute et d’échanges n’étaient pas optimales car un haut-parleur nous obligeait à entendre tout le déroulé de la cérémonie en temps réel. Pour une prochaine fois, nous veillerons à vérifier si un « découplage » de ce haut-parleur pouvait être actionné !
Les gestes barrières étaient largement respectés dans une configuration rassemblant une petite dizaine de nos membres, soit quasiment la moitié de notre effectif (renforcé cette fois par Denise, de l’ancien groupe Venoix). Nous avons pu nous donner des nouvelles des uns et des autres et des absents (précautions sanitaires, rendez-vous médicaux et autres…). Cela a été un moment de fraternité apprécié dans ce moment historique qui cadenasse mois après mois la vitalité de nos liens sociaux (familiaux, amicaux, associatifs, voisinage…). Nous placions notre partage sous l’espérance du psalmiste (Ps.33) : « Yahvé est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Malheur sur malheur pour le juste mais le Seigneur chaque fois le délivre. »
Antoine, animateur
Nous avions les étapes précédentes de notre campagne d’année : « Dieu prend corps », puis « Dieu prend soin » … Nous voici au troisième et dernier point pour ce trimestre : « Dieu accompagne ». La réflexion nous oriente vers l’essentiel en cause dans cette période de la vie où vieillissement et maladie peuvent se conjuguer pour nous fragiliser en mettant à l’épreuve notre capacité à porter avec confiance le sens de notre vie : « accompagner la vie jusqu’au bout, quel défi ! » ce sera une première partie (p. 45-53), prolongée par un regard biblique « Ne crains pas, Je suis avec toi ! » (p.55-60).
La vie jusqu’au bout
Nous traversons un contexte sociétal qui interpelle cette dignité de la vie jusqu’au bout : la fin de vie prend diverses tournures dans un monde où les solidarités familiales ne peuvent plus s’exercer comme autrefois, où la souffrance est une situation intolérable, où l‘espérance de vie s’allonge (mais l’espérance en la vie ?), où les coûts des thérapies et suivis hospitaliers atteignent des niveaux défiant les capacités de financements, où une pandémie bouscule des priorités d’interventions chirurgicales, où il faudrait trier, choisir les malades à soigner ? ! Nous avons à nous positionner face à l’euthanasie, le suicide assisté, peut-on faire droit à tout choix personnel s’appuyant sur « C’est ma liberté ! »
Ces pistes suggérées par la campagne d’année favorisaient le partage de situations d’accompagnement vécues par les uns ou les autres à l’occasion de tel et tel parcours autour de la maladie et du départ d’un parent, d’un conjoint, d’une conjointe, d’un proche. Tout ce qui est requis ou sollicité comme ressources d’humanité de la part de l’aidante, l’aidant. Les tendresses échangées qui font tenir le coup, les fatigues extrêmes aux limites de l’épuisement… C’est ce qu’éclaire la réflexion de Véronique Margron, théologienne, enseignante en éthique, religieuse dominicaine, citée dans le livret : « Désormais tout compte, chaque instant est à vivre. Changer alors de priorités pour ne pas laisser passer ce qui s’offre encore et à nouveau, pour ne pas perdre une chance de goûter le vivant ».
Dieu accompagne… et nous sommes ses bras droits !
Par la foi, il nous est assuré que « Dieu accompagne » : le Dieu qui habite notre méditation, notre compagnonnage avec notre Père du ciel. Son fils Jésus – envoyé dans nos conditions hasardeuses et parfois douloureuses, insensées ou angoissantes – est son intermédiaire concret. Et Dieu accompagne par tous ses bras droits secourables que nous nous efforçons d’être, bien maladroitement. Car chacun de nous est aux premières loges de l’action ou de la tendresse divine : le Bon samaritain, découvrions-nous à notre dernière rencontre est celui qui « voit » le blessé au bord de la route mais n’en reste pas à avoir regardé ou vu. Son cœur s’émeut car « s’é-mouvoir » c’est démarrer une mise en œuvre des secours avec les moyens à notre disposition. Le bien-vivre ensemble, jusqu’au bout, a sa règle d’or : « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger. J’étais malade et tu as contribué à me soulager… »
NOUVEL ESSOR – Mars 2021 N°282 – page 12 – Animaux de compagnie : entre l’homme et l’animal, des émotions partagées.
Des débats actuels : entre l’homme et l’animal, y-a-t’il une frontière ? Les animalistes, l‘animal, devenu une cause à défendre ? Qu’en pensons-nous ? (Jacques Ricot – Qui sauver ? L’homme ou le chien ? Sur la dissolution des frontières entre l’homme et l’animal – Mame 2021). Nous avons reporté cette réflexion à notre prochaine rencontre.
Nos prochaines réunions
Jeudi 20 mai 2021 – 14 h 15 – Salle Notre-Dame (église de Bretteville) et jeudi 17 juin 2021.
Un animal est-il une personne ?
Dans une déclaration solennelle, trois juristes ont demandé que les animaux soient désormais considérés comme des personnes. Le député Olivier Falorni[1] avait promis, de son côté, de déposer une proposition de loi dans ce sens. Mais à quoi cela rime-t-il ? Par Paul Sugy, dans le Figaro du 05/04/2019.
L’instrumentalisation de l’éthologie vise à ne plus établir qu’une différence de degré entre l’homme et l’animal, là où nous avions coutume de voir une différence de nature. À quoi bon en ce cas personnifier l’animal ? Le débat juridique est à l’évidence le support d’une discussion proprement philosophique (pour ne pas dire idéologique). Le concept de personne tel que l’emploie le Code civil vient tout droit de la théologie, qui fait de l’être humain un individu unique, qui plus est à la ressemblance de Dieu qui lui-même est Un en trois personnes
L’auteur chrétien Tertullien avait repris à son compte le mot grec persona, qui désignait le masque porté par les acteurs pour symboliser le personnage qu’ils représentaient. Par conséquent, élever l’animal au rang de personne reviendrait à lui reconnaître une personnalité, c’est-à-dire une vie psychique et une conscience de lui-même. Mais les arguments des militants animalistes sont-ils suffisants, eu égard à l’enjeu que représente un tel choix sémantique ? Ceux-ci en effet ne s’appuient presque que sur les avancées récentes de l’éthologie, l’étude du comportement animal. L’instrumentalisation de ces travaux vise à ne plus établir qu’une différence de degré entre l’homme et l’animal, là où nous avions coutume de voir une différence de nature. Le philosophe Etienne Bimbenet a remarquablement décrit ce procédé qu’il appelle « zoocentrisme »: « les arguments zoocentristes se tirent la plupart du temps des seules sciences de la vie et non des sciences de l’homme », écrit-il dans Le Complexe des trois singes, essai par lequel il dénonce l’effacement des apports de la sociologie, de la linguistique ou de la psychologie dans la comparaison entre les facultés humaines et animales.
En réalité, reconnaître à l’animal le statut de « personne » représenterait un saut vertigineux. Dans un ouvrage qui fait référence, Zoopolis, les auteurs Will Kymlicka et Sue Donaldson l’écrivent sans ambages : « Si nous admettons que les animaux sont des personnes, nous devons également leur octroyer un ensemble de droits universels négatifs : le droit de ne pas être torturés, possédés, réduits en esclavage ou à l’état de sujets d’expérimentation, enfermés ou tués.» En clair, dire d’un animal qu’il est une personne ne peut conduire qu’à l’abolition de toute forme d’exploitation animale. Mais ce n’est qu’une première étape : ce livre, qui entend fonder une véritable théorie politique des droits des animaux, définit au cours des chapitres suivants quel pourrait être le régime de citoyenneté que nous devons accorder aux animaux.
Ces futurs citoyens, qui n’ont semble-t-il jamais exprimé leur souhait de le devenir, ont-ils en ce cas une conscience assez développée pour comprendre que nul ne peut prétendre à des droits sans se voir octroyer également des… devoirs ?
[1] Bien au delà de la cause animale, nous retrouvons le député Olivier Falorni, du groupe Libertés et territoires, comme leader d’une proposition de loi « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie » quand l’Assemblée nationale débattra du thème de la fin de vie et l’euthanasie en sa séance du jeudi 8 avril 2021…