Nous avons essayé de partager notre expérience sur la place de la foi, au fil des années de notre existence. Traversée par des questions, des remises en cause, des relances, des découvertes, des doutes, cette foi nous a aidés et nous aide à avancer, à aller de l’avant, à franchir des étapes… Mais il nous arrive d’être saturé aussi, submergé par la fatigue, la perte de rythme…
Antoine, animateur
Notre monde en panne d’espérance ?
» Nous sommes d’une génération d‘après-guerre lancée vers l’avenir par toutes les reconstructions à faire après ce 20° siècle marqué en Europe par de si lourdes guerres (14-18, 39-45, Indochine, Algérie…). Ces moments douloureux pesaient si lourds dans les conversations ou les silences de nos parents et grands-parents. Nous par contre, nous sommes partis dans la vie dans une ambiance de construction à entreprendre, avec Mai 1968, le concile Vatican II, la construction de l’Europe et l’abolition des frontières, la mise en place de l’Euro, les remembrements dans nos villages et l’extraordinaire évolution du mécanisme qui depuis la machine à laver que nos mamans n’avaient pas jusqu’aux tracteurs télécommandés par satellite de nos agriculteurs ou les traites robotisées de nos vaches, sans parler des immenses progrès de la médecine. L’espoir des communistes en un « grand soir » à venir allait alors de soi. Les mythes d’un progrès sans fin et d’un bien-être toujours plus agréable étaient devenus de nouvelles religions… Nous sommes nés et nous avons grandi dans un monde en progrès.
Ne pas savoir, redouter, mais croire…
Et aujourd’hui ? Il faut reconnaître que cette ambiance dans laquelle nous avons baigné est bien refroidie. Le progrès scientifique existe encore, mais on s’en méfie. Un certain nombre de personnes, y compris dans le monde infirmier, ont refusé de se faire vacciner contre le Covid. Le développement des réseaux sociaux et des infox (fake news !) inspirent à la fois croyance et méfiance. L’avenir est plus redouté qu’espéré tant le présent est un lieu de zapping perpétuel. Il n’est plus rare de voir un enseignant devenir maraicher, un cultivateur devenir maçon. Un jeune aujourd’hui envisage la couleur de son avenir, au niveau professionnel comme conjugal, comme un caméléon se promenant sur une jupe écossaise. Les jeunes couples qui se marient encore sont de moins en moins jeunes et une tendance se fait jour : ne pas prévoir d’enfants. Quelqu’un me disait avec humour cet été : « Les jeunes ils n’apprécieront pas la retraite comme nous nous l’apprécions. Nous sommes contents d’avoir enfin un peu de loisirs… Eux ils en prennent tout le temps dès maintenant. La retraite ne leur changera pas grand-chose ! ». En attendant, il faut reconnaître aussi qu’une impression d’être abandonné se répand dans nos campagnes, issue de ce regard sur un monde considéré comme en plein déclin, nourrissant les votes d’extrême-droite comme réactions instinctives non réfléchies. L’avenir semble bouché. Ce fort sentiment d’impuissance qui règne pousse alors instinctivement chacun à tenter de se replier sur sa sphère privée ou à se réfugier dans des slogans simplistes et figés du genre dogmatique : « On est les bons. Ils sont tous cons » (extrémismes de tout bord en politique, écolo, intégristes dans l’Église…). Les gens désespérés tentent ainsi de se raccrocher à une idée fixe : la race blanche, la nature pure, la messe de toujours ou alors aux nouveaux dogmes de nos sociétés avec les idées toutes faites…
Un analyste politique français de renom, Jérôme Fourquet a écrit il y a 4 ans, qu’en France, « il y a une déchristianisation croissante, qui mène à la « phase terminale » de la religion catholique… Si cette tendance se confirme, on estime (clairement comme ligne tendancielle) que 2048 pourrait être l’année du dernier baptême, et 2031 celle du dernier mariage catholique. On pourrait même voir la disparition totale des prêtres français en 2044 « . (J. FOURQUET, l’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée, Paris, Seuil, 2019).
Nous verrons bien ! Mais je peux aussi citer cette autre phrase « Comment n’être pas consterné à la vue de cette effrayante multitude d’églises sans pasteurs, de ce grand nombre de prêtres qui succombent sous le poids des années sans être remplacés ? ». Cette phrase a été dite en conférence par un prêtre sulpicien, Denis Frayssinous en… 1820 ! «
(Extrait du lancement Année MCR Église du Jura)
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