Église Saint-Gerbold
Pendant des siècles, Venoix n’est qu’un petit village à l’entrée de Caen. Dans les textes en latin, Venoix est appelé Venuntium. Régulièrement, les paroissiens de la ville de Caen se rendaient dans l’église paroissiale dédiée à Saint-Gerbold, ce dernier étant réputé guérir les « flux de sang« , notamment la dysenterie et les hémorroïdes (maladies appelées au Moyen-Âge le mal Saint-Gerbold).
En 1793, la commune, incorporée au canton de Mondeville, ne compte que 248 habitants. Au début du XIXe siècle, la paroisse de Venoix est partagée entre celle de Bretteville-sur-Odon et celle de Saint-Ouen, à Caen, et l’église Saint-Gerbold, située sur les bords de l’Odon, est démolie en 1809.
Histoire de l’église Saint-Gerbold
Saint Gerbold fut le onzième évêque de Bayeux et il vécut à la fin du VIIe siècle. Sa vie est tout auréolée de légendes. Il était considéré comme le grand saint guérisseur des maux intestinaux. Comme Venoix était situé dans les marécages nauséabonds et que les dysenteries y étaient fréquentes on comprend que saint Gerbold fût choisi comme saint protecteur.
Depuis le Xe siècle, jusque après la Révolution, l’église de Venoix était située dans le Bas de Venoix sur les bords du Grand Odon, où se trouvait le village ; le plateau n’était pas encore habité mais livré à la seule culture.
A la sortie de la tourmente révolutionnaire pendant laquelle elle n’avait pas été entretenue, l’église est dans un piteux état, tellement piteux que le conseil municipal n’hésita pas, le 10 mars 1807, à la vendre pour être détruite. Ce qui fut fait.
Aujourd’hui il n’en reste rien. Quand on a construit le viaduc qui enjambe la voie ferrée près du Zénith, en 1994-95, des fouilles furent entreprises avec succès, mais il fallait vite achever cet ouvrage. Alors on bétonna les fondations et les piles d’ancrages de l’extrémité sud du pont reposent dessus.
Très rapidement, le Haut de Venoix, sur le plateau, vit sa population croître, grâce à la route de Bretagne (avenue Henry Chéron) construite en 1738, sous Louis XV, au détriment de celle du Bas de Venoix, sujet à la malaria. La construction d’une église s’imposait de plus en plus. Les plans en furent tracés et le 13 mars 1869 la première pierre était solennellement scellée.
Église de style ogival dont les proportions furent déclarées par la presse comme « harmonieuses » à l’occasion de sa bénédiction le 13 août 1871. La flèche du clocher (38m de hauteur) ne fut achevée qu’en décembre 1873.
La vue intérieure permet de découvrir qu’il y avait une très belle chaire dont il ne reste rien, un autel avec crédences totalement détruit en 1944 et un chemin de croix de bonne facture peint sur cuivre par Chartier, grand prix de Rome de peinture au XIXe siècle.
Arrivèrent les combats de la Libération. Le clocher de l’église faisait un bon poste d’observation. Aussi les artilleries alliées, puis allemandes, s’acharnèrent-elles sur lui. En vain ! Il resta debout, mais l’église souffrit beaucoup comme on peut le constater sur les deux photographies suivantes.
Au mois de septembre 1944 elle fut déclarée en ruine totale et on l’abandonna à son sort. Toutefois le 18 juin 1948, le Ministère de la Reconstruction revint sur cette décision, et à la fin de 1948, la toiture était refaite.
Pour permettre d’assurer la vie religieuse dans l’immédiat il fallut construire un édifice provisoire, avenue Maréchal Gallieni (là où est le terrain de boules actuellement). Il fut ouvert au culte le dernier dimanche de novembre 1945. Le mobilier rescapé des ruines fut transporté dans cette chapelle que tous les Venoisiens dénommaient la chapelle provisoire.
En réalité la réparation de l’église sinistrée dura plus longtemps que prévu. Les travaux ne se faisaient qu’au rythme des attributions des crédits. Ils ne furent achevés que treize ans plus tard ! Il suffit au visiteur de comparer les premiers clichés du panneau à ce qu’il voit aujourd’hui pour découvrir les changements qui ont été apportés.
Enfin l’église restaurée fut ouverte au culte le 24 février 1957.
Texte et crédit photos Jacques Le Richeux.
Bibliographie :
- Venoix. Jean Collin. Éditions Charles Collet.
- Venoix-Beaulieu D’HIER et D’AUJOURD’HUI, Yves Lecouturier et Hélène Martin.
- Les Rues de Venoix-Beaulieu vous racontent leur histoire. Hélène Martin et Yves Lecouturier.