Des mots pour l'échange
Souvenez‐vous : nous avons organisé une grande réunion d’information au printemps dernier sur la question des migrants. À notre grande joie, beaucoup de personnes sont venues. Cette soirée fut riche en échanges et enseignements.
Cependant la question « comment agir » était restée en attente. Entre temps , nous avons eu l’information de l’existence d’un squat, habité par des migrants, non loin du presbytère de Venoix .
De fil en aiguille nous avons senti que cette fameuse réponse à cette fameuse question « comment agir » nous était donnée…
Suite à une autre réunion nous avons décidé d’aider en donnant des cours de français à ceux qui le voudraient pour répondre à la demande des migrants.
Après quelques visites et échanges avec eux, leur demande la plus importante était d’apprendre le français .
Sans aucune expérience, nous nous sommes lancés, un peu perplexes… Un squat ce n’est pas un terme très séduisant... Qui allons nous trouver ? Comment la relation va‐t‐elle s’établir alors que nos langues et nos cultures sont si différentes ?
Mais toute cette appréhension s’est volatilisée au premier regard, aux premières paroles échangées.
Donner de son temps, gratuitement, sans compter, à des inconnus .
Quelle expérience !
Quand nous rentrions le soir nous nous disions dans la voiture : qu’est‐ce que nous sommes heureux ! Quelle joie profonde nous habite !
C’est incroyable !
Notre coeur n’était il pas brûlant lors de ces séances ? Toutefois cette expérience a été jalonnée de la cruelle expérience de l’expulsion brutale de certains jeunes avec qui nous avions déjà beaucoup partagé.
Dans ce squat, il y a des familles, des hommes seuls, pour certains très jeunes, à peine 20 ans, qui pourraient être nos enfants.
L’apprentissage du français est vital pour eux.
Anne‐Cécile et Vincent Vaccaro
Se découvrir, se connaître : un jeu de l'oie !
Lorsqu’il a été annoncé qu’une réunion aurait lieu pour enseigner le français aux migrants installés dans le squat de Venoix, l’appel a été pour moi immédiat ! C’était le temps des vacances et j’avais du temps à donner.
J’allais alors entrer dans un monde complètement inconnu : réfugiés, migrants, squats n’étaient que des mots lus dans des articles de journaux . Ce n’est donc pas sans appréhension que je me suis rendu au squat de Venoix un soir de Juillet. Bien sûr, je n’étais pas seul, nous étions 4 de la paroisse !
Des vitres brisées, des rideaux déchirés, une table branlante était le décor de notre salle de classe. Tout allait alors vite se mélanger, les langues, les visages, les villes... Kabul, Jalalabad, Freetown, Yamendu, Tirana, Bilisht…
Il n’y avait plus de distances... Les appréhensions sont vite tombées. Spontanément, Cécile est venue nous rejoindre. De soir en soir, les sourires, les rires ont remplacé les appréhensions.
Tintin, le journaliste globe trotter, nous a servi de support pour apprendre à décrire diverses situations et le capitaine Haddock nous a aidé à compter : une bouteille de rhum... deux bouteilles de rhum…
Le dernier soir, avant nos vacances, nous avons tous joué au jeu de l’oie… il n’y avait plus de squat, plus de rideaux déchirés, plus de migrants : nous étions tous redevenus des enfants heureux de jouer ensemble.
Cécile et Philippe Huet