Cette fête me réjouit !
Voici le texte de l'homélie prononcée par Frère Jean-Pierre le dimanche 3 JUIN 2018 à l'occasion de la célébration de ses 40 années de sacerdoce. Après l'homélie, voir le reportage photos de François Ledoze.
Je ne vais faire qu’une seule chose : commencer à chanter ce que je dois redire éternellement : les Miséricordes du Seigneur.
Ces mots sont ceux de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, et au cœur de cette fête liturgique du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, l’une de ces miséricordes est de nous rappeler aujourd’hui le désir du Christ de nous rejoindre et de se donner en nourriture pour fortifier notre vie chrétienne et nous faire sentir à tous sa miséricorde.
Cette fête me réjouit, car elle me renvoie à ma première communion qui fut un des plus beaux moments de ma vie spirituelle, comme le furent aussi mes premiers vœux et mon ordination sacerdotale. Cette première rencontre avec le Christ m’a fait goûter son amitié et la joie de vivre avec lui. Amitié durable et de plus en plus forte au point de vouloir la partager avec mes camarades de lycée qui ne croyaient pas.
Des rencontres, un parcours, une fidélité
Les rencontres que j’avais avec eux m’ont permis de voir la beauté de leur vie et de sentir l’appel du Christ à leur annoncer son Amour. Cela reste ancré en moi, et je ne vois guère le ministère qui m’est confié sans être proche de ceux que je rencontre, croyants ou non croyants. Ils sont pour moi par leurs qualités humaines, leur simplicité, leur sens du service, reflet de la présence du Christ que son Esprit anime au plus profond d’eux-mêmes. Ils sont aussi dans leurs souffrances, leur pauvreté, appel du Christ à leur apporter sa compassion, son baume de miséricorde.
Et je voudrais vous remercier, vous qui ne partagez pas notre foi ; car le chemin que j’ai vécu avec vous, en particulier dans le sport, m’a permis de percevoir que votre désir profond n’était pas étranger aux nôtres, que les valeurs de l’Évangile vous habitaient le cœur, et que votre manière de vivre m’évangélisaient moi-même pour être plus fidèle à Dieu.
Ce sont déjà ce type de rencontres à l’adolescence qui m’ont fait désirer d’abord de soigner les corps, et plus intérieurement vers 18 ans, de donner ma vie au Christ en entrant dans la Congrégation des Frères Missionnaires de Sainte Thérèse, à la suite de mon frère Gilbert qui, avec ses frères de communauté m’ont fait goûter au message de Thérèse, message de confiance, d’abandon et d’espérance à l’égard de tous, y compris les plus éloignés de la foi.
En parallèle avec cette grâce, j’ai pu faire des études de psycho qui répondaient à mon désir de rejoindre ceux qui avaient besoin d’être soutenus sur leurs routes humaines. J’avais renoncé à la médecine pour l’annonce de l’Évangile ; et le Seigneur, dès mon ordination, m’a redonné sous une autre forme de quoi vivre mon désir profond, en m’invitant à témoigner de sa miséricorde auprès des personnes en souffrance spirituelle, psychique ou en recherche d’une plus grande fidélité à eux-mêmes. Cet accompagnement des personnes a converti en moi ma relation aux autres. Le meilleur chemin à vivre dans la relation à l’autre, qu’ils soient croyants ou pas, c’est de les rejoindre là où ils en sont et de les aider à trouver par eux-mêmes le sens de leur vie. La pastorale, au fond, ce n’est pas de vouloir faire entrer dans l’Église mais de leur permettre de se révéler à eux-mêmes, et de découvrir l’amour de Celui qui nous appelle à une véritable liberté jusqu’à, peut-être, le rencontrer, y compris dans l’Église.
Ce dont je voudrais témoigner, c’est la fidélité de Dieu à nous conduire sur des chemins où nous devenons toujours plus fidèles à nous-mêmes, que nous soyons croyants ou non, que nous soyons laïcs, consacrés ou ministres.
Redécouvrir sans cesse le fil rouge par lequel Dieu nous conduit est vraiment une source de joie.
Des ancrages
Autre raison de chanter les miséricordes du Seigneur, celle d’être né dans une famille chrétienne où la foi et la pratique ont été vécues, sans doute de façon traditionnelle, mais comme un lieu de ressourcement et une aide pour rester fidèle au Christ. Quel bel héritage qu’une vie familiale où le Christ a une place privilégiée, et je rends grâce plus particulièrement à vous qui vivez de votre sacrement de mariage et en témoignez auprès de vos enfants comme de nous tous aujourd’hui dans cette eucharistie, sacrement si important pour nous nourrir de l’essentiel.
Autre grâce qui a accompagné ces 40 ans, celle d’avoir toujours reçu des missions que je n’aurai jamais désirées par moi-même. Cela m’a toujours paru porteur de fruits, car cela m’a obligé à découvrir des horizons nouveaux, et à sortir de ce qui aurait pu devenir des installations apostoliques peu fécondes. Cela m’a aidé à approfondir les sens de l’Église qui est faite de multiples visages, de diverses sensibilités, permettant ainsi de rejoindre ceux que le Seigneur nous fait rencontrer. Belle complémentarité au sein d’un diocèse, belle complémentarité entre paroisses, services et mouvements.
J’ajouterai à cette grâce, celle de la diversité des vocations. Si aujourd’hui nous associons dans cette messe mes 40 ans de prêtrise et les dizaines pour les anniversaires de consécration religieuse, de mariage et du diaconat, c’est en raison de cette profonde complémentarité des vocations particulières en Église. Elles sont aussi importantes aux yeux du Seigneur, et chacune d’elles apporte aux autres ce qui peut les fortifier et les rendre plus fidèles à leurs missions propres.
L’action de grâce que nous vivons, nous les jubilaires, au cours de cette messe, elle est aussi appelée à être la vôtre, pour mieux nous réjouir et témoigner ensemble de l’amour reçu du Seigneur, et appelé à être partagé par tous.
Mon ministère avec des laïcs…
Autre dimension qui me fait chanter devant vous les miséricordes du Seigneur, c’est celle, dans la ligne de ce que je viens de vous partager, celle d’avoir toujours vécu, d’une façon ou d’une autre, mon ministère avec des laïcs. Sans renoncer à ma responsabilité propre de pasteur dans la vie sacramentelle et l’accompagnement au quotidien, j’ai pu expérimenter combien cette collaboration est féconde pour la mission. Vous qui avez partagé ou qui partagez ma mission, vous avez renouvelé ma manière de regarder la vie, d’être à l’écoute des autres, et de sentir grâce à vous combien le Seigneur ouvre de nouveaux horizons, comme celle des petites fraternités qui démarrent en ces jours dans notre paroisse, pour rejoindre ceux qui sont en attente d’un partage sur leur vie, et rendre plus missionnaire notre Église, ce Corps du Christ que nous formons dans la foi.
L'Eucharistie, au centre !
Je l’ai dit au cours de cette homélie : rencontrer le Christ dans son corps eucharistique a été et est toujours une grande grâce pour moi ; mais je crois profondément que nous nourrir ensemble de l’eucharistie est ce qui nous permet, chacun et tous ensemble, de fortifier chacune de nos vocations, de grandir en Église dans l’amour du Seigneur, et de trouver la force d’en rayonner autour de nous dans la gratuité. Que cette célébration nous permette de le vivre, nous mette en joie au point de pouvoir partager cette joie à tous ceux qui nous ont fait l’amitié d’être présents ce matin.
Merci à vous !
- Merci à vous paroissiens de Saint-François-des-Odons et de Saint-Thomas-de-l’Université qui portez la mission sur cette agglomération caennaise.
- Merci à vous qui accompagnez les jeunes de l’Enseignement Catholique ou qui êtes au service des souffrants et qui me permettez d’être avec vous signe de la tendresse de Dieu.
- Merci à vous, membres de ma famille, qui me soutenez de votre affection.
- Merci à vous, mes frères de congrégation, qui m’aidez à vivre du message de Thérèse.
- Merci à vous, frères prêtres et diacres, qui m’aidez à vivre la joie du service de la mission.
- Merci à vous, jubilaires, qui témoignez par votre présence de la fidélité à répondre aux appels du Seigneur.
- Merci surtout au Seigneur de nous permettre à tous de goûter à sa Miséricorde et de nous la partager ce matin dans cette célébration. Qu’il en soit béni !
Fr. Jean-Pierre Larsonneur.
[su_testimonial name="Frère Philippe"]"J’ai très apprécié de commencer cette célébration eucharistique par des chants de louanges qui permettait de nous ouvrir joyeusement à la parole de Dieu, le fait de célébrer avec les 40 ans d’ordination, les 30 ans de diaconat, les x années de profession religieuse, les anniversaires de mariage dont celui de Mireille et Jean-Philippe BRIAND que je connais depuis longtemps, la possibilité d’intervenir dans une prière universelle commune (merci d’avoir pensé à une personne pour redire au micro ce que je ne pouvais entendre…) sans oublier à la fin de pouvoir prier pour les personnes, fêtant un anniversaire. Ce fut une belle eucharistie à la fois très joyeuse et priante, entraînante même qui reflétait la vie d’une communauté chrétienne très vivante avec de nombreuses personnes engagées à son service comme au service des autres."[/su_testimonial]